- Laetitia Sierro
- Conseil de culture
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LES ENGRAIS
N/P/K.
Nos plantes ont besoin de quatre éléments vitaux : la lumière, l’eau, un substrat pour les racines et la nourriture pour une croissance vigoureuse, quand cette dernière est épuisée il faut renchérir ce substrat. L’épuisement des nutriments est fréquent en culture en pot et en hydroponie.
On distingue trois différents types d’engrais à savoir les engrais organiques, les engrais minéraux et organo-minéraux.
L’engrais organique utilise exclusivement des matières naturelles animales (fientes déshydratées, corne broyée, sang séché, guano…) généralement issues de déchets industriels et des matières naturelles Végétales comme des déchets compostés de plantes, d’algues ou de préparations comme le purin. L’engrais organique n’est pas directement assimilable, il doit transmuter par d’autres micro-organismes présents en terre pour être disponible aux racines, ce qui implique un sol à température ambiante ou en tout cas, pas trop froid. En outre, les engrais organiques sont moins concentrés en éléments nutritifs que les engrais minéraux mais offrent une action progressive, longue durée.
L’engrais organo-mineral se compose à minima de 25% d’engrais organiques et de matières minérales, ce mélange apporte une certaine complémentarité dans l’apport de nourriture. Les éléments minéraux vont immédiatement répondre à un besoin tandis que les matières organiques vont enrichir le sol pour restituer certains nutriments dans une seconde phase.
Les engrais minéraux proviennent d’exploitations de gisements naturels sur différentes roches. Souvent obtenus par extraction chimique ils contiennent les éléments nutritifs primaires N/P/K, l’acronyme est systématiquement présenté dans cet ordre :
Azote (N), Phosphore (P), et Potassium (K) annoté avec le pourcentage de concentration par exemple : 1-3-2 (1% d’azote, 3% phosphore, 2% potassium) Ils existent en granulés ou en solution aqueuse qui favorisera une certaine précision dans son application et limitera le surdosage à l’instar des granulés.
On vous conseille de vous référer aux marques homologuées Norme française NFU ou NORME CE et on privilégiera les engrais de qualité qui font mention de tous les oligoéléments nécessaires (Terra Aquatica, Hesi, plagron, canna,métrop…etc.)
N/P/K : Les Incontournables
Ces macronutriments dit « primaires » sont ceux qui seront les plus utilisés, dans des ratios différents et en fonction du stade de la culture (croissance et floraison). Les macronutriments N/P/K ont la caractéristique avec le zinc (Zn) et le magnésium (mg), d’être des nutriments mobiles, capables de se déplacer d’un bout à l’autre de la plante, les carences seront donc localisées.
Azote (N) :
Il permet un bon développement foliaire (tige et feuilles) et joue un rôle essentiel dans la fabrication de protéines, la production d’acides aminés et de la chlorophylle. D’une façon générale ce macronutriment aura un impact direct sur la taille et la structure générale de la plante. La carence en azote est la plus fréquente elle se traduit par le jaunissement et flétrissement des feuilles du bas (les plus anciennes) de la pointe vers l’intérieur et entre les nervures. Les plantes dont les besoins en azote sont importants sont les plantes à croissance rapide, qui ont beaucoup de feuilles comme les légumes feuilles (salade, épinard, mâche...), le gazon, les plantes d’intérieur. Dans les engrais organiques la poudre de plumes est un engrais complet riche en azote qui nourrit en profondeur les végétaux (~ 12-0-0), également la poudre de sang séché et la corne broyée (prêts à l’emploi) ont une forte concentration d’azote (n).
Toxicité : Un excès d’azote se caractérise par une luxuriance excessive du feuillage qui prend une teinte verte cuivrée, il devient fragile et peut détériorer le tissu vasculaire d’irrigation, limitant ainsi l’absorbation d’eau et de nutriments. Un rinçage abondant avec une solution nutritive ou un lessivage à grande eau s’impose avec un arrêt d’une semaine de l’apport (N), l’écosystème de la plante régulera les résidus.
Le Phosphore (P) :
Sans le phosphore il n’y aurait pas ou peu de photosynthèse, il est essentiel dans le mécanisme de transfert d’énergies au sein même de la plante ainsi que dans le développement racinaire On l’associe directement au rendement général. Les engrais « spécial floraison » abritent des teneurs élevées en phosphore. Sa carence cause un ralentissement important de la croissance des tiges des feuilles, les nervures tournent au rouge violacé, la pointe des feuilles du bas prend une coloration noire en se recroquevillant, des taches sombres violacées apparaissent sur certaines feuilles. La floraison est retardée et limitée. Principalement les végétaux à fleurs et donc à fruits raffolent de ce macronutriment et le tolère en quantité élevée. En engrais organique la poudre d’os marins et le fumier de guano nous offrent un apport en phosphore conséquent.
Toxicité : la suralimentation de phosphore interfère avec l’absorption du calcium, du cuivre, du fer, du magnésium et du zinc. La surdose se manifestera donc par une carence en l’un ou plusieurs de ces nutriments. Un rinçage abondant avec une solution nutritive légère ou un lessivage à grande eau pourra être bénéfique.
Le Potassium (K) :
Le potassium est associé à la croissance par division cellulaire il est primordial dans la synthèse et le transport des sucres et des amidons naturels. Associé à l’absorption de l’eau il assure une bonne résistance face aux bactéries, aux moisissures, il maintient également la fonction immunitaire de notre plante. Une déficience se remarque simplement, les feuilles perdent leur lustre, les nouvelles pousses sont faibles et fragiles, la marge des feuilles devient grise et vire au « brun rouille », s’enroule et se dessèche. Les feuilles âgées jaunissent et des tâches de couleur rouille se développent. Le rinçage abondant s’impose avec une solution nutritive faiblement dosée (3 litres par litre de terre) Les végétaux demandant un apport important de potasse sont les légumes racines, à bulbes ou encore les rosiers. Le fumier de poule, les algues, les cendres de bois sont d’excellents engrais naturels riches en potassium.
Toxicité : Elle n’est pas des plus fréquente, difficilement identifiable le potassium en surdosage frêne l’absorption du magnésium, manganèse, du fer et du zinc, ce qui nous mettra sur la piste si l’une de ces carences se présente. Le rinçage reste la meilleure réponse à apporter.
Il n’existe pas de formules préétablies universelles, chaque espèce à des besoins divergents donc même si vous êtes un cultivateur extrêmement assidu et précis, le résultat sera déterminé en premier lieu par la variété de telle ou telle plante, renseignez-vous bien au départ sur ce point. Maintenant on va aller chercher le maximum de notre sélection tout en abordant certains points de base.
NB : Le PH de la solution se situera entre 5,8 et 6,2 car c’est dans cette fourchette que les sels minéraux seront les mieux absorbés.
1) La Phase de croissance
a) La Plantule
Durant la croissance du semis quelques jours après l’apparition du cotylédon (paire de fausses feuilles qui accompagnent la graine) le réseau racinaire se développe rapidement, un terreau fertile fournira aux plantes les nutriments nécessaires au premier mois de croissance. A ce stade l’arrosage, la température et la ventilation seront vos seules préoccupations, on attendra 4-5 paires de vraies feuilles avant la transplantation.
b) La transition en phase Végétative
La transplantation n’est pas anodine pour nos jeunes pousses, il est donc préconisé de laisser le système racinaire s’adapter une petite semaine avant de commencer tout doucement avec une solution fertilisante, il vaut mieux une petite carence facilement ajustable qu’une suralimentation qui pourrait bloquer l’assimilation d’autres nutriments. Si le substrat est qualitatif on peut démarrer avec un ratio de 1-1-1 ou peut être 4-2-3 et voir ce que ça donne. (Ces ratios se retrouvent dans les trois types d’engrais énoncés précédemment) La constante en phase végétative est l’apport d’azote (N) toujours plus important que (P) et (K).
En milieu de phase végétative on peut renforcer la croissance avec un engrais NPK 10-5-7 jusqu’à la dernière semaine qui précède la phase de floraison (avec précaution) puis abaisser l’azote de 25% aux portes de la floraison par exemple : 5-4-4.
2) La Phase de floraison
a) En début de Floraison
On démarrera avec un ratio en Phosphore (P) plus important qui agira sur le développement du système racinaire et jouera un rôle crucial dans la formation des fleurs. Le Potassium (K) de son côté renforcera l’immunité et la résistance aux parasites tout en favorisant la floraison. Le ratio NPK 5-10-7 par exemple en entrée de floraison et en fonction de l’éclairage, du substrat et de la génétique est tout à fait concevable.
b) Milieu et fin de floraison
Phosphore (P) et Potassium (k) sont les macros qui détermineront le rendement et la qualité du fruit donc on n’hésite pas à poursuivre l’apport des nutriments (P) et (K) en des proportions conséquentes, mais on freine considérablement l’apport d’azote une vingtaine de jours avant le rinçage, sous peine de récolter un fruit aux saveurs acres lié à une accumulation de chlorophylle. Par exemple une concentration de 0-3-3 est envisageable
Au stade végétatif comme dans la phase de floraison, on observe un démarrage léger, un apport plus fort en milieu de période, et une baisse ou arrêt des solutions nutritives. Soyez à l’affut du moindre symptôme sans le sous estimer et regardez-le en face.
Pour finir
Constater l’apparition de quelques feuilles jaunes en fin de cycle sur une plante annuelle n’est pas inquiétant, ce phénomène naturel communément appelé la « sénescence » organise la migration des nutriments des anciennes feuilles pour renforcer la croissance des fruits. Durant le rinçage ce que la plante consomme ne se retrouvera donc pas dans le produit fini, et c’est justement ce qui nous intéresse.
NB : Les exemples de proportions N/P/K ne sont cités qu’à titre indicatif.